Solidarité DEI entre les créateurs de musique

Afin de faire preuve d’alliance avec le travail structurel et systémique visant à remettre en question les préjugés systémiques et l’inégalité structurelle, il est important que les créateurs de musique et les autres entités de l’industrie considèrent la diversité, l’équité et l’inclusion (DEI) comme plus que de simples mots à la mode et des cases à cocher. La DEI représente un changement radical dans la façon dont la musique est créée, partagée et consommée. Elle peut et doit être promue et pratiquée par tous les acteurs de l’industrie, y compris les créateurs issus de communautés historiquement défavorisées ou privilégiées.

Voici quelques-unes des façons pratiques dont tous les créateurs peuvent faire une différence dans leur secteur d’activité :

Membres des groupes sous-représentés
  • Pour les créateurs émergents, en plus de l’autopromotion habituelle, le réseautage et la formation d’alliances peuvent aider à construire des systèmes de soutien. En même temps, en collaborant professionnellement et en se recommandant mutuellement pour des projets, ils peuvent contribuer à améliorer l’accès au milieu.
  • Les créateurs à tous les stades de leur carrière devraient se sentir à l’aise d’affirmer publiquement leur appartenance à une communauté particulière afin d’aider l’industrie de la création musicale à évaluer plus précisément la diversité des talents existants et à élaborer des politiques plus efficaces. Cela permet également aux personnes qui embauchent de trouver plus facilement ces créateurs. Un certain nombre de bases de données ont été créées dans ce but précis : ADVANCE, Black Screen Office, The Coalition for Music Education, etc.
  • En outre, s’ils se sentent à l’aise de le faire, les créateurs établis peuvent contribuer à accroître autant que possible leur visibilité et la reconnaissance de leur image de marque en proposant des conférences dans les écoles, en participant à des entrevues avec les médias, en faisant partie de panels d’experts, etc. Cela démontrera aux autres créateurs, à l’industrie musicale au sens large et à la société en général que les créateurs de ces communautés existent et réussissent.
  • Ces professionnels chevronnés peuvent également servir de mentors aux créateurs en début de carrière issus de groupes marginalisés, en aidant leurs protégés non seulement à comprendre le secteur, mais aussi à reconnaître et à surmonter les obstacles. C’est ce que la suffragette américaine et militante des droits civiques Mary Church Terrell appelait « lifting as we climb » (librement : « tirer vers le haut »).
  • Tous les créateurs devraient envisager de devenir membres d’associations commerciales et de sociétés collectives qui offrent des ressources professionnelles et organisent des événements spécifiquement destinés aux membres des groupes sous-représentés. Ils devraient également envisager de se joindre à des organismes de défense des droits comme Native Women in the Arts, ADVANCE, Composers Diversity Collective, pour ne nommer que ceux-là, et profiter des programmes de perfectionnement professionnel comme le Women in the Studio National Accelerator Program d’Éditeurs de musique au Canada.

Apprenez-en plus au sujet des groupes de défense de la DEI et des initiatives de l’industrie

Autres agents de changement
  • Tous les créateurs doivent comprendre qu’il leur incombe de reconnaître la discrimination, le harcèlement et les abus dans l’industrie et de s’exprimer lorsqu’ils en sont témoins – pas seulement lorsqu’ils en sont eux-mêmes victimes ou lorsqu’ils visent des personnes qui leur ressemblent.
  • Lorsqu’un créateur est en mesure d’engager des personnes pour assumer certains rôles dans le cadre de projets (assistants, musiciens, etc.), il doit établir des protocoles – RH ou autres – pour engager des candidats issus de groupes sous-représentés. Ils doivent cependant être conscients et prendre soin d’éviter les gestes symboliques qui sont nuisibles et ne correspondent pas à ce que recherchent les créateurs noirs, autochtones et de couleur.
  • Les créateurs établis issus de milieux privilégiés devraient également offrir un mentorat aux créateurs en début de carrière issus de communautés marginalisées, pour qui obtenir un emploi de niveau débutant est souvent moins difficile que d’obtenir un travail plus substantiel et viable. Les créateurs influents peuvent aider leurs protégés à briser ces « plafonds de réussite » et à progresser professionnellement. 
  • Les créateurs peuvent prendre part à l’action collective en contribuant, en renforçant et en normalisant l’engagement avec les organisations de défense, par exemple, en devenant commanditaire ou mécène du Composers Diversity Collective. Ils peuvent soutenir des initiatives telles que l’initiative Breaking Down Racial Barriers (BDRB) d’ADVANCE et de la Canadian Independent Music Association (CIMA), qui « interpelle les individus, les organisations, les petites entreprises, les sociétés et les institutions gouvernementales de l’industrie musicale à jouer un rôle dans l’éradication du racisme anti-noir dans l’industrie musicale canadienne ». Ils peuvent également solliciter l’expertise d’autres organismes qui normalisent l’alliance organisationnelle avec les créateurs de musique noire et autochtone comme la Music Gallery de Toronto et travailler avec eux.
Éviter l’appropriation culturelle

À l’instar de la coopération symbolique (tokenism), l’appropriation culturelle est nuisible en soi. Il y a un risque d’utiliser de manière irrespectueuse la musique associée à une communauté culturelle particulière sans trop en savoir à son sujet. Étant donné que les créateurs de musique professionnels sont souvent tenus de travailler dans une variété de styles – parfois pour un seul projet – ils doivent être conscients d’éviter l’appropriation. Voici certaines façons d’éviter cela :

  • Le Canada jouit d’une industrie musicale diversifiée et respectée partout dans le monde. Ainsi, les créateurs de musique sont doublement responsables de penser à ceux qui ne sont pas représentés artistiquement et d’inviter ces créateurs à collaborer. Cela implique d’exercer une diligence raisonnable pour interagir avec ces communautés, apprendre et désapprendre, et être véritablement à l’écoute. (Bien que cela puisse devoir être 

autorisé par la personne qui dirige le projet, l’approche ne pourra que leur être bénéfique sur le plan de la réputation.) Il existe de nombreux précédents de co-création avec des sonorités, des forces et des antécédents différents au profit d’une musique qui plaît à un public plus large. 

  • Toutefois, si un créateur doit travailler en solo, il doit se garder de simplement reproduire un certain son sans en apprendre le plus possible sur son origine et sa signification. Et il est absolument vital de consulter régulièrement des experts des communautés culturelles représentées musicalement, en sollicitant leur avis tout au long du processus de création. Ce sont eux qui sont le mieux à même d’identifier les différences entre l’attribution et l’appropriation.
  • Règle générale, il est préférable de rester à l’écart de la musique et des instruments qui sont considérés comme sacrés pour une communauté particulière et qui, s’ils sont utilisés à mauvais escient, pourraient causer des offenses.
  • Considérez les moyens de raconter musicalement le témoignage qui doit être raconté sans utiliser un style ou un genre de musique non familier en évoquant une émotion plutôt qu’en empruntant les signes d’une autre culture, par exemple.
  • Il faut s’efforcer de remplacer l’appropriation par la collaboration.

De toute évidence, pour l’industrie de la création musicale, la collaboration est au cœur de ce qui est nécessaire pour opérer un véritable changement. Pour les créateurs issus de groupes historiquement sous-représentés, elle peut contribuer à faire tomber les obstacles à l’accès, à égaliser les chances sur le plan professionnel et à donner un sentiment d’appartenance. Et pour les créateurs « traditionnels », il s’agit d’une composante intégrale de l’altruisme, car elle fait de la place, et offre des opportunités, à ceux qui ont été traditionnellement exclus.

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