Décoder les métadonnées

Même si, en apparence, cela semble hautement technique, les métadonnées sont simplement des données concernant des données, ou, dans le contexte de l’industrie de la musique, des informations concernant le contenu d’une chanson ou d’une pièce dans une production AV. Pour les enregistrements sonores, les métadonnées sont soumises avec le fichier audio aux distributeurs numériques, et pour les productions audiovisuelles, il s’agit de ce qui est inclus dans le rapport de contenu musical qui est soumis à l’ODE.

Certaines de ces données comprennent les détails d’identification de base, comme le nom du créateur de la musique, le titre de l’œuvre musicale ou du « cue », le titre de l’album ou de la production audiovisuelle, etc., qui facilitent la découvrabilité sur les FSN et les services de contournement, par exemple.

Elle assure également que les ayants droit reçoivent le crédit pour leur œuvre, ce qui peut rehausser leur profil et ouvrir la porte à de nouveaux projets.

Les métadonnées rendent également un service plus fonctionnel, absolument essentiel à la bonne répartition des redevances aux ayants droit. Chaque fois qu’une œuvre musicale intégrée à un enregistrement sonore ou à une production audiovisuelle est exécutée ou reproduite, ce sont les métadonnées qui permettent de suivre l’utilisation par diverses entités de l’écosystème, de calculer les redevances appropriées et de verser aux bons ayants droit les parts convenues.

Si, en théorie, les métadonnées devraient assurer le bon fonctionnement du pipeline des redevances, dans la pratique, ce flux peut être facilement perturbé par divers facteurs. Les problèmes les plus importants surviennent lorsque les données sont incorrectes, incomplètes ou incompatibles en raison d’une erreur humaine ou technique, ce qui est assez souvent le cas. Comme les métadonnées changent de mains et sont transférées de base de données en base de données de nombreuses fois au cours de la vie d’une œuvre ou d’un enregistrement, elles peuvent être facilement corrompues. Et comme les données sont dupliquées pratiquement à l’infini, les erreurs qu’elles contiennent s’accumulent, ce qui rend très difficile la correction des erreurs après coup.

Ces erreurs peuvent entraîner des redevances non concordantes, que les sociétés collectives mettent généralement en réserve pendant un certain nombre d’années, période pendant laquelle les ayants droit peuvent examiner les données et percevoir les fonds qui leur sont éventuellement dus. Après la fermeture de cette fenêtre, cependant, cet argent – qui se chiffre généralement en millions de dollars – est classé dans la catégorie des « redevances non allouées » et certaines sociétés le répartissent à leur gré tandis que d’autres le remboursent aux détenteurs de licences.

Comme les problèmes liés aux métadonnées peuvent avoir un effet négatif sur tous les acteurs de l’écosystème, de nombreuses tentatives collectives ont été faites pour les résoudre. La mise sur pied d’une base de données internationale standard pour toutes les métadonnées reste un objectif, mais un consensus sur la manière dont les informations devraient être formatées, perçues et partagées s’est avéré impossible è atteindre à ce jour. Un mouvement visant à normaliser les données plutôt que la base de données elle-même prend toutefois de l’ampleur. L’initiative Credits Due de l’Ivors Academy – une association pour les créateurs de musique au Royaume-Uni – cherche à unir les entités de l’industrie musicale du monde entier dans un effort pour réduire à seulement cinq éléments la quantité de métadonnées perçues et partagées. En ce qui concerne les créateurs de musique, ces éléments sont :

  1. Le Interested Party Information (IPI) – également connu sous le nom de numéro de compositeur, auteur et éditeur (CAE) – qui identifie les créateurs et les éditeurs de musique, et qui est attribué par une ODE (la SOCAN, au Canada) à ses membres.
  2. L’International Standard Musical Work Code, ou Code international normalisé pour les œuvres musicales (ISWC) qui identifie les œuvres musicales individuelles et peut également être fourni par une ODE.
  3. L’International Standard Recording Code, ou code international normalisé des enregistrements (ISRC) identifie les enregistrements sonores et les vidéoclips. Chaque piste d’un album se voit attribuer un code unique soit par un distributeur numérique, soit par l’agence ISRC désignée d’un pays – au Canada, il s’agit de CONNECT Music Licensing – soit par la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI), qui est l’agence ISRC internationale.
  4. Le titre de l’œuvre et les titres alternatifs, lorsqu’il y en a.
  5. Les noms des contributeurs, p. ex., auteurs, interprètes, producteurs, etc.

En simplifiant ainsi les métadonnées, la marge d’erreur serait grandement réduite, assurant ainsi aux ayants droit de recevoir le maximum de redevances auxquelles ils ont droit.

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